« Le verre, avant d’être une matière, est une histoire, un processus de transformation, une expérience qui naît d’un territoire et qui y prend forme.»

Lucile Viaud est artiste-chercheuse. Issue d’une famille d’artisans et d’artistes, elle s’est orientée vers le secteur des métiers d’art et a fait ses études à l’Ecole Boulle en DSAA design d’objet. Pour son projet de diplôme, elle se penche sur la valorisation des coproduits de la filière halieutique.
En 2015, elle fonde l’Atelier Lucile Viaud. Celui-ci est spécialisé dans la formulation de verres à partir de ressources naturelles et de coproduits locaux. Il invite le paysage dans l’habitat – le matériau étant placé au cœur des pièces par un travail sur des volumes et lignes épurés.
En 2016, elle intègre les Ateliers de Paris comme designer spécialisée dans la mise au point de matériaux biosourcés. Elle y fonde la marque Ostraco, créée autour de l’idée de l’OSTRACON, tesson de céramique recyclé dans l’antiquité pour des usages du quotidien. Cette marque propose des objets en verre, issus de la recherche verrière et produits artisanalement en petites séries en Bretagne et à l’atelier Silicybine à Arcueil, ainsi que des pièces d’exception sur-mesure pour les professionnels et des chefs engagés. Les teintes, qui peuvent varier légèrement d’un jour à l’autre, rendent vivants les verres artisanalement travaillés. En fonction de la période de production, les microbulles et stries du verre marin peuvent aussi être plus ou moins présentes donnant ainsi à chaque pièce sa singularité.
Au Centre européen de recherches et de formation aux arts verriers (CERFAV) en Lorraine, la designer a mis au point le verre Glaz, du vieux breton glas, un mot qui désigne la couleur de la mer entre le vert et le bleu, et réalisé sa première collection POT. Naturellement coloré, le verre marin Glaz se travaille selon la technique traditionnelle du soufflage à la canne. 
Lucile Viaud continue d’innover et elle a créé depuis d’autres types de verre : le verre Opale ou le verre Abysse, ce dernier étant réalisé à partir des pains de soude produits par l’écomusée des goémoniers et de l’Algue à Plouguerneau.
Chaque pièce créée contribue au répertoire de la recherche d’une « géoverrerie ». Celle-ci permet à Lucile Viaud d’explorer le lien intime entre paysage et matière, en s’attelant à la transformation de coproduits locaux et ressources délaissées en verres naturels. La géoverrerie représente l’idée selon laquelle le verre peut refléter les caractères naturels et humains de la région dont les matières premières sont issues. En d’autres termes, il s’agit d’une démarche de valorisation et de compréhension du territoire à travers le prisme de ses ressources naturelles. Ainsi, depuis 2017, elle développe toute une palette de verres propre à chaque région (Occitanie, Bretagne, Grand-Est, etc.) présentant de fait diverses spécificités et fonctionnalités. Une fois sourcés, ces éléments naturels lui permettent de formuler ses recettes de fabrication avec pour objectif que celles-ci fusionnent correctement dans un creuset. Chaque territoire ayant sa propre identité, il y a un lien très fort entre le paysage d’origine et le verre qu’elle obtient : sa couleur, son caractère à chaud, sa viscosité… De fait, une même ressource naturelle sourcée dans deux lieux différents produira un verre au caractère unique avec des spécificités qui lui sont propres.

Lauréate des fondations Sophie Rochas, Banque Populaire et Remy Cointreau, ainsi que de différents prix tels que les Grands prix de la ville de Paris (2018), le prix de « l’Observeur du design » pour sa collection en verre marin Glaz ou le prix Initiative France (2021), Lucile Viaud réalise aussi des pièces en collaboration avec des artistes. Elle mène au sein de l’Institut des Sciences Chimiques de Rennes depuis 2018 différents travaux de recherche en collaboration avec l’équipe Verres & Céramique, tant sur les compositions verrières que sur leurs applications futures.

Elle présente actuellement dans les îles du Ponant le projet sur lequel elle travaille depuis trois ans : la création d’un verre conçu en utilisant les déchets et les ressources inexploitées de ces territoires.

Le rebut est-il un trésor en attente d’être sublimé ? Tout justement, l’artiste-chercheuse sensibilise à la préservation des ressources naturelles et du patrimoine par une démarche de recherche-création impliquée pour l’Art-Science dans une logique de valorisation des savoir-faire artisanaux, du patrimoine et des ressources naturelles.

© photographies :
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